Journée Internationale des Migrant.e.s : Soigner les personnes, quel que soit leur statut juridique : un impératif de santé publique, de bon sens budgétaire, et – avant tout – humain

COMMUNIQUE DE PRESSE

Journée Internationale des Migrant.e.s : Soigner les personnes, quel que soit leur statut juridique : un impératif de santé publique, de bon sens budgétaire,  et – avant tout – humain

 

Grenoble, le 18 décembre 2023 – Le 18 décembre est la Journée Internationale des Migrant.e.s. Or, c’est aussi le jour choisi par le gouvernement français pour convoquer une commission mixte paritaire (CMP) pour trouver un accord sur le projet de loi « asile et migration », et donc sur l’accès à la santé pour les personnes étrangères vivant sur notre territoire. Le COREVIH arc alpin rappelle les impératifs qui doivent être respectés.

Choisie par l’ONU, cette journée rend visible les 281 millions de personnes qui vivent dans un pays autre que leur pays de naissance (Rapport dur l’état de la migration dans le monde 2022), que ce soit par choix personnel,  ou sous la contrainte : conflits, maladies, catastrophes naturelles, changements climatiques, ou lois liberticides (balayant les droits LGBTQIA+ ou les droits des femmes par exemple).

Le texte du Sénat, sur lequel va se baser le travail de la Commission, supprime l’Aide Médicale d’Etat et vide de son contenu le titre de séjour accordé pour les personnes qui n’ont pas accès à des soins dans leur pays (entre autres). Les acteurs du COREVIH arc alpin (1) rappellent que l’Aide Médicale d’Etat et le titre de séjour pour soins sont des dispositifs essentiels et doivent être renforcés. Toute limitation ou restriction de leur application aux personnes concernées aura des conséquences humaines et économiques désastreuses : « Si le projet du Sénat passe, cela veut donc dire que nous ne soignerons les personnes que si elles ont besoin de soins urgents. C’est absurde ! D’abord car les hôpitaux et les soignants ne refuseront pas des soins à des personnes qui le demandent. Deuxièmement, soigner quand les pathologies sont graves, c’est perdre des chances de vie et perdre de l’argent : plus les soins sont précoces, moins ils sont couteux pour la société. Et enfin, avoir accès aux soins primaires n’embolise pas le système de santé ; par contre, limiter la prise en charge aux situations aggravées et très évoluées conduit forcément à une prise en charge sur l’hôpital : la proposition du Sénat va donc augmenter les difficultés humaines et financières des hôpitaux. Cela n’a vraiment aucun sens. » explique le professeur Olivier Epaulard, infectiologue au CHU Grenoble Alpes et co-président du COREVIH arc alpin.

C’est aussi l’occasion de rappeler à la représentation nationale et au gouvernement combien les soignant.e.s et associations ont besoin de lois qui accompagnent, facilitent et soutiennent leur travail, et non de lois qui entravent l’accès aux droits et aux traitements vitaux et nécessaires pour la communauté nationale. « Il est inconcevable de se dire que demain, nous ne permettrons pas à une personne vivant avec le VIH de se soigner sur notre territoire. D’abord pour sa santé personnelle et ensuite pour nous tous.te.s : Grâce aux traitements, le virus ne se transmet plus. C’est donc un impératif de santé publique que de stopper les contaminations au VIH en traitant tout le monde ! Les virus se moquent des statuts juridiques des personnes. On l’a bien vu avec le COVID-19 ! » proteste Sylvie Vanderschilt, co-présidente du COREVIH arc alpin et coordinatrice du pôle d’écoute de Sida Info Service à Grenoble.

Le COREVIH arc alpin s’est mobilisé depuis des mois pour rendre visibles auprès des élu.e.s les situations de terrain, vécues par les personnes accompagnées par les associations, les médecins et les équipes soignantes ou sociales de l’Isère, de la Savoie et de la Haute-Savoie – tant localement qu’avec le collectif des 10 choix politiques pour en finir avec le sida (2) qui rassemble l’ensemble de la communauté VIH : sociétés savantes, des clinicien.ne.s, des psychologues, infirmier.e.s, chercheur.euse.s, des associations, des centres de santé, concernés par le VIH et les hépatites.

Par ailleurs, une tribune et une lettre ouverte sur le sujet de l’Aide Médicale d’Etat et le droit au séjour pour soins ont rassemblé, respectivement plus de 3000 et 2000 signatures de soignant.e.s et sociétés savantes (3) dans les dernières semaines, montrant une mobilisation forte et unanime de la communauté des soignant.e.s – bien au-delà du VIH.

« Rappelons quelques chiffres : l’AME représente 0.5 % du budget de l’Assurance Maladie, le titre de séjour pour soins est accordé à moins de 4000 personnes (0.6% des titres de séjour) contre 281 millions de migrant.e.s dans le monde. Se focaliser sur des gouttes d’eau nous semble absurde. Il est temps d’arrêter d’utiliser la santé comme un argument de contrôle migratoire. Par contre, ne pas soigner aura de réelles conséquences économiques, sur l’accès à l’hôpital public et sur la santé de tous et toutes. » concluent les co-présidents du COREVIH. FIN

 

CONTACTS

Anne Monnet Hoel

Coordinatrice du COREVIH Arc Alpin

06 95 26 12 19 amonnethoel@chu-grenoble.fr

 

Notes aux éditeurs :

  1. Vers des Alpes sans sida – COREVIH arc alpin – Comité de coordination régionale de la lutte contre les Infections Sexuellement Transmissibles & le VIH

Vers des Alpes sans sida : www.alpesansida.fr

FB : https://www.facebook.com/coreviharcalpin

X : https://twitter.com/COREVIH_Alpin

 

Présentation du COREVIH arc alpin : Comité de coordination régionale de la lutte

contre les Infections Sexuellement Transmissibles & le VIH

Les COREVIH sont des organisations territoriales de référence pour l’ensemble des acteurs qui concourent à la lutte contre l’infection à VIH et des Infections Sexuellement Transmissibles. Ils travaillent à la prise en charge médicale, psychologique et sociale des personnes vivant avec le VIH ; à l’amélioration de la prévention et du dépistage. Le COREVIH de l’Arc Alpin a été mis en place en 2008. Son territoire de référence couvre les départements de l’Isère, la Savoie et la Haute Savoie. Ils sont garants de la « démocratie sanitaire » et favorisent l’implication des soignants et des associations de malades et d’usagers du système de santé.

 

  1. Collectif des 10 choix politiques pour en finir avec le sida

Position des 10choixpolitiques pour assurer l’accès à la santé pour tous et toutes en France :

https://www.alpesansida.fr/loi-asile-et-migration-position-du-collectif-des-10-choix-politiques-pour-en-finir-avec-le-sida/

Le Collectif des 10 Choix Politiques pour en finir avec le sida rassemble des sociétés savantes, des clinicien.ne.s, des psychologues, infirmier.e.s, chercheur.euse.s, des associations, des centres de santé, concernés par le VIH et les hépatites.
C’est un collectif qui, par sa diversité, permet de réfléchir à la fin du sida sous différents angles et de proposer une vision multidimensionnelle du sujet.

19 COREVIHs, 52 associations nationales, territoriales, ou centres de santé, luttant contre le VIH et/ou les hépatites, 5 sociétés savantes, et 17 chercheur.euse.s réaffirment que la fin de l’épidémie de VIH/sida est possible sur notre territoire en 2030, et que cela suppose des engagements et une volonté politique au sens noble du terme.

 

  1. Tribune et lettre ouverte des soignant.e.s

https://www.alpesansida.fr/loi-asile-et-migration-titre-de-sejour-pour-soins-mobilisation-unanime-de-la-communaute-medicale-et-associative/

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